• La Liberté ou la Vie ? Le paradoxe terrien

    On ne peut empêcher qui que ce soit de se suicider, ni loger de force un SDF dans un centre d'accueil si telle n'est pas sa volonté. Le point commun entre ces 2 exemples c'est que ce sont là 2 choix personnels ayant relativement peu voir aucun impact sur autrui. Evidemment, je ne vous apprends rien en vous disant qu'il en est autrement pour ce corps céleste qu'on partage tous, et qu'un tel individualisme ne peut être sans conséquence collective. Si l'on shématise les choses, le monde est divisé en 2 équipes : l'équipe Liberté et l'équipe Vie.

    • L'équipe Liberté souhaite jouir pleinement des précieuses ressouces de la Terre comme elle l'a toujours fait jusqu'alors. Pourquoi diable se priver des ressources qu'on a à disposition ? A quoi servirait donc un arbre qui produirait des fruits que personne ne consommerait jamais, ne serait-ce pas là une honteuse forme de gâchis ? Qui pourrait bien être assez fou pour interdire à qui que ce soit de cueillir une pomme sur un pommier (à plus forte raison si celui-ci provient de son verger) ? En somme, tout ce qui est généreusement offert par dame nature se doit d'être pris sinon à quoi peuvent bien servir ces ressources ? Quand il n'y aura plus rien à prendre ici, on prendra là-bas; quand là-bas il n'y aura plus rien, on trouvera bien ailleurs. On ne va pas empêcher la Terre de tourner rond pour quelques états d'âme. Quel mal y a-t-il à ce qu'un toxicomane mette tout en oeuvre pour satisfaire son appétit auto-destructeur en toute liberté ?
      Pour eux, la liberté prime sur tout le reste, y compris la vie car vivre c'est être libre et être libre c'est vivre. Ils préfèrent une vie brève faite d'opulence, à une vie longue mais plus austère. 

     

    • L'équipe Vie elle aussi aime la liberté, mais soutien la vie avant tout car un monde sans vie n'est pas monde : la Terre est ce qu'elle est pour ses propriétés remarquables qui ont permis à la vie de s'y décliner en des millions de formes. Animaux, plantes, eau, air, sol, ciel; le monde c'est tout ça : la nature, la Vie. Ce fragile équilibre dont absolument tout le reste dépend, c'est cela que l'équipe Vie entend à tous prix protéger, quitte à sacrifier un peu de liberté. Creuser un trou n'est pas indéfiniment possible sans danger d'éboulement, c'est pourquoi un membre de l'équipe Vie serait du genre à vivement décourager son voisin de creuser à la pelle un trou de 10 mètre dans son jardin, quand bien même "chacun fait ce qu'il veut chez soi". L'équipe Vie alerte ceux qui veulent bien l'écouter de : l'extinction massives des espèces, du danger mortel de la pollution, des effets néfastes de la déforestation, de l'origine anthropique du dérèglement climatique,...
      Pour eux, pas de liberté sans vie car sans vie, rien n'est possible. Ils préfèrent une existence responsable qui permette aux générations futures de profiter au moins autant qu'eux des richesses terrestres, à une existence destructrice passée à dilapider les richesses communes de la nature. 

     

    L'écologie est-elle vraiment une opinion, une "idéologie" discutable (comme les autres) ? 

                           ~  Lhautain

    « Sommes-nous tous des spectateurs désabusés ?Fléau #3 : Des couleurs et des hommes, 50 nuances de bullshit »

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  • Commentaires

    1
    Jeudi 26 Décembre 2019 à 03:41

    Article intéressant !

    Pourtant, je ne suis pas vraiment d'accord avec tes catégories, tu dis que le monde se divise en deux "équipes", vie et liberté, je pourrais être d'accord avec toi mais en réalité tu ne prends pas en compte tout le sens de ses mots et te concentre sur les problématiques écologiques uniquement, hors le monde est bien plus complexe que ça. En fait ton choix de mot me rappelle le très fameux dilemme : Liberté ou sécurité ? À savoir, préfère-t-on garder le choix à tous prix ou acceptons-nous de faire des sacrifices pour nous garantir une plus longue/meilleure durée de vie. Mais la manière dont tu abordes le sujet fait paraître l'un des deux "camps" tout glorieux tandis que l'autre semble être la pire des options, de manière évidente, alors que si on s'intéresse au sujet dans sa globalité il y a bien plus à dire, et c'est bien plus subtil, que "les gentils" et "les méchants".

    Je comprends que tu as voulu faire une défense de l'écologie en présentant les incohérences et l'égoïsme de ceux qui pensent avoir tous les droits sur la nature face à la cohérence témoignée par ceux qui la respectent, et ce sont de très bons arguments ! Je pense juste que ton objectif serait mieux atteint si tu envisageait plus de possibilités et d'avis (que tu émettais des contre-arguments en somme), et si tu changeais également la forme en un argumentaire plus classique, ce serait sûrement plus convainquant car sous cette forme ta pensée semble très manichéenne et a l'aire de manquer de substance (comme je te l'expliquais au dessus), alors que tu as l'aire, au contraire, d'avoir des choses très intéressantes à dire sur le sujet !

    Par exemple, moi qui aurait tendance à encenser le genre de raisonnement que tu veux développer, ne peut être d'accord avec toi sur cet article. Certes, il est important de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour sauver notre espèce, ce qui passe obligatoirement par le respect de notre milieu naturel, mais je ne crois pas pour autant que la liberté individuelle soit à mépriser ou à considérer comme de l'égoïsme. En réalité, si je devais impérativement faire un choix, je choisirais la liberté plutôt que la vie ou la sécurité, les dérives d'un monde à la pensée unique ayant déjà été démontrées comme atroces dans le passé. Pourtant si je te lis, ceux qui choisissent la vie ont toutes les qualité car apparemment ils respectent aussi la liberté individuelle, mais alors pourquoi peindre tout en noir et refuser que ceux qui placent la liberté au dessus de tout puissent également faire le choix de respecter la nature ? Est-ce que le respect de cette nature est même réellement une question de liberté, finalement, et pas d'instruction ou de logique ? Car choisir de ne pas cueillir une pomme sur un arbre, c'est aussi une question de liberté.

    Et pour répondre à ta question, si un jour l'écologie n'est plus une idéologie discutable, la démocratie en aura pris un sacré coup. Ce n'est pas parce qu'une cause semble extrêmement importante a beaucoup de monde qu'il devrait être interdit de la remettre en question. Ça me plairait beaucoup de faire taire tous les climato-sceptiques en un claquement de doigts (coucou Thanos), mais cela ferait de moi une dictatrice. Ce qui serait envisageable par contre, ce serait de faire passer l'écologie dans la constitution, afin que les gros pollueurs puissent être accusés de crimes contre l'humanité (puisque après tout c'est bien ce qu'ils font), et non plus simplement menacés d'amendes et de taxes supplémentaires, qui peinent à se montrer efficaces.

    2
    Mercredi 1er Janvier 2020 à 03:06

    Merci beaucoup pour ce long commentaire que j'ai lu très attentivement !

    Tu as compris ma démarche dans les grandes lignes, elle consistait à schématiser à l'extrême les deux positions majoritaires sur la question écologique (si tu tends l'oreille lors de débats sur le sujet, tu remarqueras que les arguments tournent quasi systématiquement autour de ces 2 axes/valeurs). Le but était aussi de "dénoncer" la débilité d'opposer la survie (à long terme hein, on ne mourra sans doute pas demain) à "la liberté de continuer à s'auto-détruire", car c'est bien selon moi ce que nous faisons de notre liberté s'agissant de la Terre.

    J'aurais pu le faire autrement mais ma prise de position est voulue et parfaitement assumée : j'ai délibérément dépeint la pensée de "l'équipe liberté" de manière à ce qu'elle soit aussi ridicule qu'elle me paraît l'être. En effet, nous sommes désormais bien loin de l'insouciance de la pensée d'Adam Smith qui, malgré ses intentions louables d'éviter "la grande fin" en promouvant une croissance (destructrice en l'état actuel des choses) sans limite, n'avait pas autant conscience que nous (depuis les années 70) de l'impact de l'activité humaine sur notre environnement.

    Attention, je suis moi aussi on ne peut plus libertaire, si un tel dilemme m'était posé je choisirai sans hésiter la liberté parce qu'une vie sans liberté m'évoque immédiatement la condition d'un esclave, qui à mon sens est sinon pire, au moins équivalente à la mort. Tout être humain chérit sa liberté (et c'est bien normal !) mais en tous lieux et en tous temps, des comportements ont été jugés à ce point nuisibles que des lois ont été érigées pour les proscrire car la liberté ne peut (et ne devrait pas) être absolue. Je suis conscient des paradoxes que tu as très justement relevé, c'est dû à la forme caricaturale que je me suis moi-même imposé (comme tu l'as remarqué), il faut dire que le sujet de  la liberté est tellement vaste, il aurait mérité un article à lui tout seul !

    L'idée n'est pas d'interdire tout débat sur l'écologie (au contraire, la manière de faire face à ces défis est éminemment politique !), je ne souhaite pas vivre dans une dictature verte ou dans un système "écofasciste", mais je m'interroge sur le fait que nous ne voyons pas de problème à faire de l'écologie une idéologie : Il me semble incontestable qu'il soit dans l'intérêt de tous que le monde que nous partageons demeure le plus viable possible le plus longtemps possible. La sauvegarde de l'environnement qui nous permet de vivre ne me paraît pas comparable au clivage gauche-droite, dans ce dernier cas il ne peut y avoir de consensus car tout est question de point de vue. Aucun parti ne devrait pouvoir négliger ces questions dans son programme car elles sont d'intérêt général, mais tous devraient proposer leurs propres solutions selon leurs propres points de vue et valeurs (j'espère être claire désolé si je ne le suis pas :/). Pour l'exemple, je ne m'identifie pas comme "écolo" (au sens d'adhérant au parti) car j'ai d'autres idées politiques, l'écologie à mes yeux est un combat qui transcende ces opinions/convictions politiques qu'on a tous.

     

    PS : c'est typiquement ce genre de discussion qui me manquait depuis mon départ, donc qu'on soit d'accord ou non, je te remercie pour cet échange en bonne intelligence ;) et te souhaite une bonne année aussi !

    3
    Mercredi 1er Janvier 2020 à 05:33

    Avec plaisir, si tu aimes les pavés sache que c'est ma spécialité (j'écris toujours trois fois trop) x)

     Oh je vois, j'avais effectivement cru comprendre ta démarche mais j'ai été mal aiguillée par ma compréhension du titre, qui m'a fait penser qu'il s'agirait plus d'une réflexion philosophique. En partant de là j'ai eu l'impression que tu voulais aussi transposer le débat sur l'écologie et débat de philo, et de ce point de vue là je voyais quelques soucis (aussi parce que j'aime beaucoup la sémantique). Mais effectivement si tu voulais "juste" pointer les incohérences et faire ressortir l'absurdité des arguments anti-écologiques, la forme du texte prends tout son sens.

     Comme la plupart des théoriciens, Adam Smith avait sûrement des intentions louables, et malheureusement, comme il n'a fait que théoriser, il ne pouvait imaginer l'application de ses idées ni la manière dont certains les ont détournées par la suite (de la même façon, Karl Marx ne pensait certainement pas au régime de Staline en écrivant le manifeste du parti communiste).

     Je suis bien d'accord sur le fait que perdre sa liberté est un peu comme perdre la vie, mais c'est sûr que la réalité n'est jamais ni toute blanche ni toute noire, vivre sans aucunes restrictions ne serait pas vraiment possible. Ah et puis dans le fond ton article a sûrement atteint son but s'il m'a fait remarquer ces paradoxes, si les gens qui prônent la liberté de faire tout ce qu'on veut, même si cela inclus la destruction de notre habitat naturel, se renseignaient et se rendaient compte qu'ils pourraient tout aussi bien faire le choix de ne pas tout foutre en l'aire, on ferait un grand pas en avant !

     Par contre, je constate encore une fois que j'ai mal compris une de tes phrases x) (j'ai cru que tu voulais dire que l'écologie était une idéologie et que celle-ci ne devrait pas être discutable). Dans le fond, je pense aussi que l'écologie ne devrait pas être une idéologie, comme je le disais je voudrais même que ça passe dans la constitution et/ou dans les droits de l'homme (mais je crois même que si on cherche bien elle y est déjà, parce que tout être humain est censé avoir droit à un lieu de vie sain et sécuritaire). Mais en même temps, qu'on le veuille ou non, certains en font une idéologie, en instituant un genre de classement de valeurs malsain, je pense que la plupart ne s'en rendent même pas compte mais ils se cloisonnent dans une vision manichéenne du monde et ne daignent plus voir le gris, ni même les autres causes. Ce phénomène est loin d'être généralisé mais j'avoue qu'il me fait un peu peur, à partir du moment où les gens perdent leur sens critique, j'estime que ça ne peut mener qu'à la catastrophe (d'où mon laïus sur la démocratie et le droit au questionnement). Je pense aussi que l'écologie ne devrait idéalement être ni de gauche ni de droite, après si on se penche sur les idées des deux tendances, y en a quand même qui s'accordent moins bien que d'autres avec le thème. J'avoue que je vois mal les républicains ou le MR (pour la Belgique) militer pour la décroissance...

     On est d'accord sur beaucoup de choses au final :') je suis toujours partante pour ce genre de débat, merci à toi de partager tes idées ! Et bonne année à toi aussi ^^

      • Mercredi 1er Janvier 2020 à 05:34

        PS: Je suis désolée si j'ai fait des fautes qui piquent un peu les yeux, il commence à se faire tard et mes relectures ne sont pas très efficaces ^^'

    4
    Mercredi 1er Janvier 2020 à 23:53

    Tu ne me laisses pas grand chose à ajouter ×) il me semble que nous nous sommes compris, que nous sommes d'accord sur le sujet et que nous écrivons tous les 2 beaucoup trop...

    Je suis content que mon article ait atteint son but et que tu aies compris ma démarche ! J'ai tendance à utiliser expressément des tournures de phrases ambigues pour susciter le questionnement et donc le débat (mon côté provocateur/tordu sans doute). Tu m'as permis de m'expliquer sur le fond de cet article donc encore merci !

    5
    Jeudi 2 Janvier 2020 à 00:16

    (j'avais mis une image plus drôle avec Dumbledore mais elle voulait pas s'afficher ;-;)

    Tout es bien qui finit bien, bien résumé x)

    Contente si je t'ai permis de développer un peu plus ^^

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